Nîmes, 2010
Nîmes, 2010

Actualités

Publications :

L'Eternitat estraviada - L'éternité égarée, Salinelles, l'aucèu libre, 2017, 144 p., 13 euros.

(http://lauceulibre.com)

 

 

 

 

 

 

Assetada aicí, se chala dau bruch d’infèrn que l’auratge tirassa amb eu, non solament tròns e pericle, ulhauç, tot lo lampejament de l’aire, la brofoniá, l’aiga qu’ara comença de li banhar lei pès, li degotant dins tota l’esquina, sa plaça es aicí, au centre dau borrotlament dau mond, e se barra leis uelhs, la vei passar e tornar passar tota sa vida sens ges de regret, de pentiment, sens deguna dolor, foguèsse estada qu’un marrit sòmi, una chauchavièlha de la desvelhar la nuech, l’aire li mancant dins sei paumons, lei pòt nombrar lei jorns aürós e lei malastres, mai se’n chauta, aquò a pus ges d’importància ara que rèsta au cròs dau mond, a l’escota de la mudason que ne fa partida, son còs venent un d’aquelei còs sus lo planestèu, sa carn una d’aquelei carns ofèrtas a l’aflat dau temps, se mesclant a un brot d’èrba, ai gravetas, s’auçant tras lei cortinas de plueja per se delegar dins l’aiga, sabor de la tèrra, e sa sang dessenha la dralha d’un lòng riusselet que l’eternitat agotarà jamai.

 

Assise ici, elle se délecte du bruit d’enfer que l’orage traîne après lui, non seulement tonnerres et foudre, éclairs, toute l’illumination de l’air, la tempête, l’eau qui commence à lui mouiller les pieds, lui coulant dans le dos, sa place est ici, au centre du bouleversement du monde, et si elle ferme les yeux, elle voit défiler sans cesse toute sa vie sans aucun regret, remord, sans aucune douleur, n’eût-elle été qu’un mauvais rêve, un cauchemar qui la réveille la nuit, l’air lui manquant dans ses poumons, elle peut dénombrer les jours heureux et les malheurs, mais elle s’en moque, cela n’a plus aucune importance maintenant qu’elle demeure au creux du monde, à l’écoute de la mutation dont elle fait partie, son corps devenant un de ces corps sur le plateau, sa chair une de ces chairs offertes au souffle du temps, se mêlant à un brin d’herbe, aux cailloux, s’élevant parmi les rideaux de pluie afin de se diluer dans l’eau, saveur de la terre, et son sang dessine le sentier d’un long ruisseau que l’éternité ne tarira jamais.

 

 

 

 

Ces quatre nouvelles de Jean-Yves Casanova nous conduisent d’Irlande à la Corse, en passant par Londres et la Haute-Provence. Le ton de l’ensemble est donné par L’éternité égarée, ton proche des Dubliners de Joyce, même si le texte se préoccupe de tout autre chose. Ces quatre textes sont préoccupés par l’attente, le devenir des gens, de leurs personnalités, de leurs pensées, des corps comme des âmes, devenir qu’accompagne la fuite du temps…

 

 

 

 

Cantata per Maria Magdalena - Cantate pour Marie Madeleine, Pau, La Pantiera, 2017, 157 p.

e lo vei la Magdalena òme despulhat dei pelhas umanas dau mond e de la tèrra

liurat derisòri a la preséncia ufanosa de la gent afogada per lei crits e lei brams

drech sensa mai dire sensa mai bolegar la tèsta clinada vèrs la poussa e lei pèiras

que sei pès i son encara estacats sei mans jonchas sota la jarga de lana rufeta

que li an pausada sus leis espatlas e que tarda pas puei de quitar de desvelar

l’aparéncia de la pèu alisada de son còrs blanc uman per pauc de temps encara

la jarga tombada a sei pès la Crotz cargada sus seis espatlas a mand de s’afondrar

lei mans de la Magdalena assajan de lo tocar de lo tornar a la tèrra viva

mai seis uelhs son ja esperduts ai confinhs d’un reiaume qu’es pasmens sieu

lei mans de la Magdalena levadas paumes nuds a la suplica d’un cèu vuege

 

et Marie Madeleine l’aperçoit homme dépouillé des haillons du monde et de la terre

livré dérisoire à la présence féroce des gens attisés par les cris et les hurlements

debout sans rien dire sans même bouger la tête inclinée vers la poussière et les pierres

ses pieds sont encore attachés ses mains jointes sous la cape de laine grossière

qu’ils ont posée sur ses épaules et il la laisse ensuite tomber afin de dévoiler

l’apparence de la peau lisse de son corps blanc humain pour peu de temps encore

la cape tombée à ses pieds la Croix chargée sur ses épaules sur le point de s’effondrer

et les mains de Marie Madeleine essaient de le toucher de le faire revenir sur la terre saine

mais ses yeux sont déjà éperdus aux confins d’un royaume qui est pourtant le sien

les mains de Marie Madeleine dressées paumes nues supplique adressée à un ciel vide

 

 

 

 

 

Et panse tant que toz s'oblie: blanc et rouge, oubli de soi (texte sur le Graal)

 

comte-rendus de:

Eric Chevillard, Détartre et désinfecte, Fata Morgana.

Jean Frémon, Le Portrait véritable, Fata Morgana.

Belinda Cannone, S'émerveiller, Stock.

Marc Pierret, Conte à rebours, Tinbad.

Frédéric Mistral, l'ombre et l'écho

L’œuvre de Frédéric Mistral est encore trop peu connue. Loin des clichés et des lectures simplistes qui ont fait de ce poète un « chantre de la Provence », cet ouvrage entend cerner les fondements psychiques d’une œuvre et analyser les traces poétiques déposées comme autant de limons dans l’ensemble du corpus mistralien. L’insertion de Mistral dans un vaste mouvement littéraire est également étudiée, sous l’angle des réseaux psychiques et textuels que détermine un « amont » de l’écriture, réseaux comparés à ceux que l’on observe dans les œuvres de Rimbaud, Poe, Mallarmé, Valéry, Barrès, Proust, Faulkner et Giono. Ces traces définissent une élaboration littéraire, tout en puisant dans ces réseaux une nécessaire matière thématique et métaphorique.

 

TABLE DES MATIÈRES

 

Abréviations

Introduction

première partie

OMBRES DU POÈME

 

1. La « Sainte famille »

2. Du conflit psychique à la géopoétique littéraire

3. La Figure « maestrale » : emportements et gauchissements de la critique

4. Domna et figure romantique : la lecture troubadouresque des félibres

5. La Coumunioun di Sant : élévation d’une imago féminine

6. L'Absente. Effacements et destins : « L'Assemblado » de Mirèio

7. La  Mort : une « engano » nécessaire

 

deuxième partie

ÉCHOS DU TEMPS

 

1. Novalis, Rimbaud : « ce que le poète ne dit pas à propos de fleurs »

2. Edgar Allan Poe: The kingdom and the sepulchre by the sea

3. Stéphane Mallarmé : images lancinantes de la mort

4. Maurice Barrès : l’ombre du jardin sur la terre

5. Marcel Proust : la perte et « la vraie vie »

6. Paul Valéry : « ce que le poète signifie en se noyant »

7. Frédéric Mistral et William Faulkner : deux écrivains de « La Cause vaincue »

8. Les Provences de Mistral et Giono : immobilité et errance

 

Bibliographie

Index

 

 

"Etudes et textes occitans" (direction Jean-François Courouau et Daniel Lacroix), n°3, Editions Classiques Garnier, 2016, 393 pages.

https://www.classiques-garnier.com/

 

La Revue Littéraire

Notes critiques :

Julia Kerninon, Une activité respectable, éd. du Rouergue.

Jacques Réda, Tiers livre des reconnaissances, éd. Fata Morgana.

Cyril Huot, Le Rire triomphant des perdants (Journal de guerre), éd. Tinbad.

Salah Stétié, L'Eté du grand nuage, éd. Fata Morgana.

 

 

 

Cantate pour Marie Madeleine, p. 54-61

 

À propos d'André du Bouchet, de Jacques Darras et de James Sacré, p. 129-133

 

Notes critiques:

Cees Nooteboom, J'avais bien mille vies et je n'en ai pris qu'une, éd. Actes Sud

Hélène Merlin-Kajman, Lire dans la gueule du loup, éd. Gallimard.

Frédéric Jacques Temple, Une longue vague porteuse, éd. Actes Sud

Jean-Paul Goux, L'ombre s'allonge, éd. Actes Sud

 

De l'Enseignement de la littérature à l'Université, p. 132-144.

 

Note critique : René Char / Paul Celan, Correspondance 1954-1968, Gallimard,    (p. 211-215).